Je me suis levée tôt (9h, relativisons), j'ai repassé ma chemise, piqué son sac à main king size en cuir noir à ma coloc, mis des boucles d'oreilles motif fleur : sérieuse, urban chic, délicate. Je suis prête à conquérir le monde.
Mais avant d'affronter mon entretien, une petite formalité m'attend : je dois me rendre à Ancone, dans les Marches et ... ça demande 4 heures de train. Youpi !
Pourquoi je cherche du boulot si loin de Rome ? Parce que j'ai un ami qui m'a proposé de venir bosser avec lui au port d'Ancône, qu'il me pistonne et que c'est bien payé. Et que c'est encore une nouvelle expérience, après avoir fait animatrice 5 ans, pourquoi pas "gestionnaire du trafic" ?
Quand j'arrive à la gare de Termini, j'achète mon billet (16 euros, youpi) et monte dans le train. Cherchant une place, je rentre sans faire exprès dans le dernier compartiment, celui du personnel, et m'apprête à faire demi tour quand une voix m'interpelle "Tu voulais conduire, c'est ça ?!"
"Euh non pardon désolo", bafouillais-je face à l'imposant chauffeur qui me fait face. "Je vais m'assoir là, héhé, voilà ... pardon". Mais l'homme, amusé de ma réaction effarouchée, rigole, et me demande "Tu viens d'où ?", et commence à discuter avec moi en attendant le départ du train. Quand arrive 11h32 et que la machine doit démarrer, il me dit, faisant un signe de la main "Viens, je te montre la cabine !"
A l'intérieur, deux sièges avec effet amortisseur et une grande vitre où l'on voit défiler les rails, comme avalés par la locomotive. A gauche, des boutons, des leviers, des écrans ... il macchinista (chauffeur) m'explique comment fonctionne le train, et me propose de voyager avec lui : "Quatre heures de route, 25 ans que je fais le même trajet. Avant on était deux, maintenant, on se fait chier ..."
C'est comme ça que j'ai passé le voyage à regarder par les multiples fenêtres de la locomotive le magnifique paysage des montagnes italiennes, et à discuter avec le chauffeur qui me montrait châteaux, villages et rivières en me racontant leurs histoires.
J'ai même appuyé sur un bouton pour faire démarrer le train, wouhouhou !
C'était le seul truc cool de la journée. Arrivée à Ancône, je sors de la gare et je cherche le port : facile, je suis le bord de mer et les panneaux. Une fois sur place, je trouve les bureaux de la DPS, la société pour laquelle j'ai postulé. Je suis à fond dans ma tête à me repasser des phrases en italien, m'imaginant toutes les situations possibles et fabriquant des réponses "spontanées". Mais quand j'approche l'homme au guichet, lançant fièrement un "Bonjour, je viens pour l'entretien d'embauche" et que j'apperçois dans ses yeux l'incompréhension, et qu'il prononce les mots "quel entretien d'embauche ?" ... je commence à me sentir mal.
Pire, quand après avoir appelé ses supérieurs il me dit qu'on s'est mal compris et qu'ils ont annulé mon entretien, je me sens vraiment mal. La queue entre les jambes je suis donc retournée vers la gare d'Ancône, me sentant carrément stupide à devoir reprendre un train de 4 heures pour Rome, payer 16 euros, tout ça pour rien ...
Ils m'avaient oubliée ...
on dirait Sète <3 |
La conclusion de mon non coloquio di lavoro, c'est que je le passe en juin, car jeudi soir prochain, je m'en vais en Sicile pour 9 jours !!! Et ça, c'est cool. Le voyage en train couchette aura beau être long, cette fois-ci, je m'en fiche !
Tellement drôle ton article, moins drôle pour toi on dirait, mais j'aurais aimé être à ta place rien que pour le plaisir d'être au tout devant du train! ça devait être génial! surtout si le macchinista était mignon! lol
RépondreSupprimerComme ils disent à Ancone : "Bé là celle-là, elle arrive de Rome par la plage !"
RépondreSupprimerConduire un train ! Mais c'est génial !
RépondreSupprimermoi je n'ai retenu de tout ça que "j'ai appuyé sur le bouton pour faire démarrer le train"! trop bien!!!
RépondreSupprimer