lundi 19 septembre 2011

Stupeur et tremblement

En 2009, à l'Aquila, le 6 avril dans la nuit, la terre a tremblé. Le bilan est de 308 morts, le centre historique de cette ville d'art est détruit. Dès le matin du 6 avril, les télévisions, les médias et tutti quanti sont sur place, Berlusconi au premier rang. Les survivants sont logés dans des tentes, les pompiers et les ONG travaillent d'arrache-pied pour tirer les gens des décombres. 
Sabina Guzzanti, journaliste, débarque elle aussi à l'Aquila, armée de sa caméra. Son objectif n'est pas seulement de couvrir l'évènement : elle est venue pour enquêter, pour mettre au jour la démagogie Berlusconienne, sa propagande, ses magouilles juridico-financières. En s'appuyant sur l'exemple de l'Aquila, Sabina Guzzanti démontre, point par point, comment le Cavaliere gangrène le système italien, en modifiant la loi en offrant des cadeaux financiers à l'Eglise et à ses amis, en appuyant sa fortune sur des projets immobiliers foireux soutenus par la mafia ...
Le film, Draquila, l'Italia che trema, est passé à Cannes : le ministre Italien de la culture décide donc de boycotter le festival, parce que le film de Guzzanti "offense la vérité et le peuple italien dans son entier". Je vous laisse regarder la bande annonce :



Après avoir vu le film, j'avais vraiment froid dans le dos, j'étais révoltée, de voir tout le mal qu'une personne peut faire à un pays, à une culture, à des gens. Je vous conseille vraiment de le regarder : pour la prise de conscience, pour le réveil politique, pour le sceau d'eau sur la tronche. D'autant plus que la loi qu'utilise Berlusconi pour faire passer ses abus de pouvoirs existe aussi en France, et qu'en mettant n'importe qui au pouvoir, on prend le risque de vivre les mêmes abus. 
Je m'explique : la loi italienne (et la constitution française aussi), prévoit qu'en cas de "situation d'urgence", le chef du gouvernement peut s'alléger ou déléguer les pouvoirs de son choix pour une période de temps de son choix (dans la limite de son mandat). En France, De Gaulle l'a utilisée lors de la guerre d'Algérie. En Italie, Berlusconi a légèrement modifié le texte de la loi : il peut désormais s'attribuer ou déléguer les pouvoirs de son choix à une personne en cas de "grand évènement" comme en cas d'"urgence". Sabina Guzzanti en parle mieux que moi dans son film, mais il Cavaliere ne se prive pas de ce pouvoir. Par exemple, une visite Papale à Sienne peut être déclarée "grand évènement" : l'occasion de donner en toute légalité de l'argent public à l'Eglise. Dans les camps de réfugiés de l'Aquila, il peut aussi supprimer les libertés publiques ...
Cet exemple est à mes yeux le plus inquiétant : il montre à quel point une démocratie dépends de la personne qui l'incarne au pouvoir. 
J'espère vous avoir donné envie de voir le film ...
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